Questions sur...
Échos à vos questions et commentaires
- #3 Ma fille a aperçu ce qui me semble être une étoile filante : une trace lumineuse qui n’a duré qu’une fraction de seconde. J’ai fouillé dans votre table des matières et j’y ai rien trouvé. Avez-vous quelque chose là-dessus? J.M., Lanoraie, Québec
- Je n’ai pas été témoin, ni eu vent, d’une telle exploitation dans une classe, aussi ai-je présenté ─ à la page 164 du chapitre sur l’Espace (ou fascicule VII, p. 23) ─ une large planification couvrant les objets célestes aisément observables dans notre système solaire, y compris les étoiles filantes.
Je peux cependant imaginer une telle exploitation dans le cas de votre fille ou pour une classe où un élève arriverait un beau matin avec une telle observation. Ou encore avec une nouvelle à leur sujet provenant de média, puisqu’il en est régulièrement question lorsqu’elles sont particulièrement nombreuses.
On peut penser à un enchaînement assez simple :
1. Au juste, qu’est-ce que tu as vu (ou entendu à leur sujet)? Insister sur l’apparence, la couleur, l’endroit, l’orientation, la durée, etc.
2. As-tu une idée de ce que c’est au juste? Il s’agit ici de valoriser et faire préciser ses idées, avant de l’amener à les confronter. Ensuite, dans le cas d’une classe : Et vous autres?…
3. Utiliser ces réponses pour inciter le et les jeunes à identifier comment il serait possible de tester leurs idées. Dans le cas présent, hormis l’observation des étoiles filantes elles-mêmes, aucune expérience directe n’est possible pour ces jeunes. L’information existante pourra alors devenir une source de confrontation : livres, Internet, personnes ressources, etc. Privilégier les personnes ressources d’expérience que peuvent connaître les jeunes (l’information leur apparaît alors plus «réelle», vu l’expérience vécue communiquée), mais sans exclure pour autant les autres ressources. Ensuite : Qui vont se charger d’aller chercher ces nouvelles informations?, Quand?, Quand nous ferez-vous votre rapport?, etc. Question d’apprendre aux jeunes à assumer des responsabilités, à planifier, à anticiper les problèmes logistiques, etc.
4. Entre temps, l’adulte fait sa propre recherche pour connaître les meilleurs moments de l’année pour réaliser de telles observations; bien sûr, dans la région céleste visible où il se trouve.[En général, on va vous donner des dates et le nom des constellations d’où semblent provenir ces «étoiles» filantes. Il faut savoir que ces dernières sont en fait de petites météorites de la taille d’un caillou qui se volatilisent en traversant à toute vitesse notre atmosphère et aussi que ces cailloux suivent habituellement la trajectoire de certaines comètes (montagnes de glace incrustée de cailloux) qui se vaporisent partiellement lors de leurs passages répétés près du Soleil… et qui, du coup, laissent s’échapper quelques-uns de leurs cailloux… À certains moments de l’année, notre planète Terre ─ qui se déplace à près de 30 km/sec (plus de 100 000 km/h!) autour du Soleil ─ traverse l’une de ces «autoroutes» de cailloux qui circulent à la queue leu leu le long de la trajectoire de leur comète d’origine. Ces petits cailloux, «entrant» dans notre atmosphère à si haute vitesse, s’échauffent alors au point de se volatiliser, formant momentanément un trait lumineux que les anciens ont pris l’habitude d’appeler «étoiles filantes».]
5. Une fois en main les dates où l’on peut effectuer les meilleures observations, il suffit de planifier des séances d’observation. (Sachons que toutes les nuits de l’année, et de partout sur terre, il est possible d’observer ces phénomènes, mais à certaines dates notre patience pour les attendre est, disons, moins sollicitée…) Pour assurer le confort lors de ces observations, rien de plus simple. Une chaise longue, à moins qu’on ne préfère se coucher simplement sur le dos sur une surface quelconque, les pieds orientés vers la source apparente de ces «étoiles filantes» (ex. en direction de la constellation de Persée ─ d’où leur nom Perséïdes ─, autour du 12 août, dans les latitudes moyennes de l’hémisphère nord), et on garde les yeux ouverts… À plusieurs, c’est toujours plus plaisant et, surtout, stimulant : les oh! et les ah! fusent chaque fois qu’apparaît l’une d’elles. De même que les soupirs chez ceux qui ne l’ont pas vue…
Pour occuper les temps morts, si ces séances d’observations ont lieu assez tôt après le coucher du soleil, on verra à coup sûr se déplacer, très lentement et à vitesse constante, des points lumineux très haut dans le ciel. Ce sont des satellites artificiels : d’observation ou de télécommunication; à moins que ce ne soit une station spatiale! Pourquoi les voit-on alors? Le soleil venant de se coucher pour nous, très loin là-haut il éclaire cependant encore ces objets qui sont réfléchissants (pour éviter que le soleil ne les réchauffe), ce qui nous permet de les repérer. De nouveaux sujets d’intérêt et de questionnement à n’en pas douter chez nos jeunes…
Lors de telles séances d’observation, l’occasion est aussi belle d’utiliser un cherche-étoiles (ou un logiciel du genre Star Walk) pour repérer les constellations… Un autre sujet d’intérêt pour nos jeunes.
Avec les plus vieux, l’occasion est aussi propice pour les interroger sur les causes possibles de ces phénomènes : Comment sont produites les étoiles filantes? D’abord : Que sont-elles vraiment au juste? Et, où, à quelle distance de nous se produisent ces phénomènes? S’ils mentionnent les cailloux qui entrent dans notre atmosphère : Pourquoi deviennent-ils lumineux quelques instants avant de s’éteindre?… Au besoin, pour les aider : Connaissez-vous un moyen simple de réchauffer quelque chose sans allumette ni autre source de chaleur? Si aucune réponse ne vient : Avez-vous déjà joué à la «main chaude»? (Deux vis-à-vis exercent leurs réflexes en retirant, alternativement et seulement au tout dernier moment, leur main devant celle de l’autre qui cherche à la leur frapper.) Rares répondront par la négative. Alors : Vous avez donc constaté que plus souvent notre main est frappée, plus elle s’échauffe… Autre question : Avez-vous déjà touché la tête d’un clou que vous frappez à répétition pour l’enfoncer? Ou n’importe quel autre objet qui vient d’être durement frappé? Par exemple, une règle de plastique ou de bois (pas en métal, qui est trop conducteur de chaleur…) qu’on frappe plusieurs fois sur une surface [de bois ou de plastique, pour les mêmes raisons]. Le faire au besoin avec le ou les jeunes… Par la suite : Avez-vous déjà frappé très fort à la surface de l’eau?… L’eau, normalement, est facile à enfoncer, mais là, lorsqu’on la frappe très rapidement, elle nous semble très dure… et à force de frapper, notre main s’échauffe!… Dans le cas de l’air, c’est pareil : si on pouvait frapper l’air à très très grande vitesse, on trouverait la surface dure, et notre main s’échaufferait… Si, pour la frapper aussi vite, on utilisait une planche, elle s’échaufferait, comme notre main. Et si on frappait encore plus fort, et de plus en plus souvent, notre planche pourrait devenir tellement chaude qu’elle pourrait s’enflammer!… Comme les petits cailloux qui entrent à très très grande vitesse dans notre atmosphère… [Dans les cas de cailloux, ce ne n’est pas une simple combustion, mais c’est tout comme.]
En intervenant de la sorte avec nos jeunes, en les mettant en état de questionnement, de tels échanges leur sont très profitables, et peuvent paver la voie à de multiples prises de conscience et faire apparaître bien d’autres sujets d’intérêt et de questionnement.
© plt
- #2 Presque chaque année, des enfants de ma classe s’intéressent aux dinosaures. Jusqu’à maintenant, je les ai encouragés à fouiller dans des livres ou sur l’Internet. Mais je me demande si vous avez déjà vu des classes où on procédait selon l’esprit de votre livre. S.P. Arthabaska, Québec
- En fait, après avoir relaté une exploitation du thème des dinosaures chez des 6-7 ans (voir chapitre VIII, Fossiles), j’ai vu une classe où des enfants de troisième ou quatrième année à l’époque (8-9 ans, donc) avaient trouvé de «drôles de roches» sur les rives de la petite rivière qui traverse leur village. Elles comportaient des «comme des dessins», disaient-ils. Leur enseignante les avait incités à présenter leurs trouvailles à toute la classe. Les réactions et commentaires n’avaient pas tardé : «C’est pas des dessins, on dirait du moulage!», «J’en ai ramassé des pareils, moi aussi!», «Je l’sais c’que c’est, c’est des faucilles», «Pas des faucilles, comme pour couper le foin, reprit l’enseignante, tu veux certainement dire des fossiles… Se tournant à nouveau vers l’ensemble de la classe : Qui connaît ça, les fossiles?… Et c’était lancé…
À l’aide de questions-outils, elle a fait l’inventaire de ce que les enfants savaient sur le sujet. Leurs formes, leurs ressemblances avec ce que l’on connaît, comment ils ont pu se former? Ils ont aussi fait des empreintes de différents objets dans la pâte à modeler. Bien sûr, il y a eu un tas d’autres questions : Comment ces coquillages ou plantes ont pu durcir pour devenir de la roche?, Comment ces fossiles ont pu apparaître dans leur rivière?, Où on pourrait trouver plus d’information sur le sujet?…
Évidemment, au détour des différentes interrogations, est apparue la question des dinosaures. Là encore, ils ont fait l’inventaire de ce qu’ils savaient sur le sujet : leurs variétés, leurs dimensions, leurs habitats, leurs comportements. Aussi, bien sûr, la raison pour laquelle on ne les retrouvait plus aujourd’hui, leurs ressemblances avec les animaux ou plantes d’aujourd’hui, les animaux ou plantes «préhistoriques» (de l’époque des dinosaures) qui existent encore aujourd’hui, etc. Au fil de leurs interrogations, qui se sont étalées sur quelques semaines, ils ont fouillé ensemble les rives de leur rivière, un ami de l’enseignante est venu en classe avec sa petite collection de fossiles, certains jeunes ont apporté des statuettes de dinosaures, et bien sûr ils ont fouillé dans les livres, sur l’Internet, tout en partageant régulièrement leurs trouvailles… Je me souviens encore de leur surprise, c’est l’enseignante qui m’avait raconté, lorsqu’ils se sont rendu compte que tous ces grands dinosaures se reproduisaient comme les oiseaux ou comme la majorité des poissons, en pondant des œufs!…
Ils auraient peut-être pu pousser plus loin dans cette veine en construisant des incubateurs… et s’en servir pour faire éclore des œufs fécondés… Mais ce n’a pas été le cas. Le tout avait culminé par une exposition dans leur classe, à laquelle le reste de l’école avait été invité… Je me souviens, là encore, de leur fierté en cette occasion.
© plt
- #1 Il me semble qu'il n'y a pas d'item concernant le corps humain; est-ce dû aux niveaux ciblés? M. G., Liège, Belgique
- Vous avez raison, il n’y a rien sur le corps humain, mais ce n’est pas dû aux niveaux ciblés. C’est simplement une omission, comme tant d’autres d’ailleurs. Au cours de ces années, j’ai été témoin de quantité de sujets abordés dans les classes. J’ai essayé d’en faire voir un bon éventail, et forcément j’en ai laissé tombé ou tout simplement oublié.
Pour répondre au second volet de votre question, la réponse est manifestement non. Dès la maternelle, j’ai été témoin de l’exploration du corps humain, parfois avec une approche conforme à l’esprit de Des sciences à l’école, trop souvent d’une façon exclusivement livresque ou, même, magistrale… en maternelle!
J’ai en mémoire une occasion intéressante où, dans le cadre de l’Halloween, un enfant (6 ou 7 ans) avait demandé pourquoi on mettait des squelettes devant les maisons… Et l’enseignante avait simplement renvoyé à la classe entière la question.
Au fil des échanges, la discussion en vint à porter sur leur propre squelette, et des enfants avaient commencé à se tâter les doigts pour sentir leurs os. L’enseignante en avait alors profité pour sortir un livre de la bibliothèque de classe présentant un schéma détaillé du squelette humain. Elle avait alors demandé aux enfants s’ils pouvaient, au toucher, reconnaître les os apparaissant sur le schéma. S’en était alors suivie, vous le devinerez, une course aux découvertes «osseuses»… dans l’émerveillement et l’enthousiasme général. C’est à qui trouverait le plus grand nombre d’os. Mais, ce faisant, une petite fille, si ma mémoire est fidèle, avait remarqué qu’elle avait un os «dur mais pas trop» à l’arrière de sa cheville… Des enfants ont aussitôt répondu qu’il n’y avait pas d’os à cet endroit sur le schéma… De fil en aiguille, l’idée de «câble» (tendon) est alors apparue… et du coup l’existence de leurs propres muscles… Ce que d’autres schémas du même volume ont fait voir… Les jours suivants, quand l’enseignante est revenue sur le sujet, la question de l’utilité de ces muscles et tendons a été abordée, puis leur fonctionnement…
En une autre occasion, ce fût les yeux… L’enseignante, la même, avait alors suggéré d’aller chercher les loupes… Les enfants avait tout de suite noté les différentes couleurs de l’iris, et l’enseignante en avait profité pour faire un histogramme au tableau pour colliger les statistiques. Rapidement ensuite, les enfants avaient remarqué les changements d’ouverture de la pupille : «La tache noire du milieu grossit pis, des fois, elle rapetisse! Ah! pourquoi, selon toi?» Les enfants en sont rapidement venu à voir que c’était une question d’intensité lumineuse, et bien sûr à le démontrer hors de tout doute… Avec l’aide d’un schéma de l’oeil trouvé dans un dictionnaire, il se sont rendu compte que cette tache noire n’en était pas vraiment une, mais qu’il s’agissait là de l’ouverture par laquelle entrait la lumière dans l’oeil! Ils ont donc voulu voir à l’intérieur, mais n’ont pas réussi… C’est alors qu’un jeune à lunette a parlé d’un instrument utilisé par son optométriste pour voir à l’intérieur de son oeil… Ils ont alors voulu parler à cet optométriste pour savoir comment eux pourraient y parvenir. Les jours suivants, après entente préalable entre l’enseignante et ce dernier, celle-ci leur a parlé de cet échange et demandé de faire la liste de leurs questions, après quoi un élève allait être désigné par la classe pour joindre l’optométriste en question à l’heure convenue. À l’aide d’un simple appareil téléphonique en fonction «main libre» au milieu de la classe, les questions et réponses ont pu être échangées. Ce fut un plaisir partagé de vivre cette expérience.
© plt