Questions sur...
Échos à vos questions et commentaires
- #1 Plusieurs ont interrogé l’absence d’une version papier pour DES SCIENCES À L’ÉCOLE. Jusqu’à maintenant, j’ai répondu individuellement; je pense qu’il serait maintenant utile de répondre publiquement. plt
- À l’origine, la raison de l’absence de la version papier tenait à son coût prohibitif (+ de 100$), compte tenu du nombre de pages de l’ouvrage (estimé alors à près de 1000), aussi à la présence de nombreux schémas et bulles (+ de 300). Ce qui, au dire des quelques maisons d’édition de matériel pédagogique québécoises, françaises et belges contactées, rendait l’entreprise risquée au plan commercial pour une clientèle jugée par ailleurs trop incertaine dans la conjoncture économique précaire de l’époque (2007-2009).
Trop risqué, donc, et surtout beaucoup trop coûteux pour un ouvrage que je voulais d’accès aisé. Aisé, non pas seulement par sa présentation et son contenu, mais également pour la bourse d’un public large, particulièrement de milieux ou de pays moins nantis. Il fallait donc chercher une autre voie.
Une connaissance m’a alors parlé d’une maison d’édition numérique française ayant un concept original : proposer l’ouvrage gratuitement et profiter de la pub pour payer les redevances. Pas bête! L’aventure, car c’en fut une, a duré moins de deux ans… marqués par la frustration, une transparence douteuse; au surplus, un contrat non respecté! Sur les conseils d’un membre de notre équipe, je me suis donc retiré, sans redevances, peu de temps d’ailleurs avant la faillite de l’éditeur…
J’ai alors entendu parler de Google Livres. Cette fois mon équipe et moi étions sur nos gardes; chat échaudé… Progressivement nous nous sommes liés à Google qui démarrait son service «Partenaires» pour éditeurs et auteurs de livres. Plusieurs avantages allaient découler de cette union. Non seulement Google Livres avait-il un rayonnement international et une crédibilité établie, mais il allait s’occuper de la promotion de l’ouvrage (en entier ou en fascicules) sur ses moteurs de recherche et, en outre, faire la gestion complète des ventes dans les différents pays! En plus, à coût imbattable; permettant d’offrir l’ouvrage à moins du tiers de l’édition papier! Contrairement à plusieurs maisons d’édition qui essaient encore de vendre leurs œuvres numériques à 80-90% du prix papier!… Ce, alors qu’en version numérique, il n’y a plus de frais d’impression ni de transport ni ces importants frais promotionnels consentis aux librairies ni ces frais de pilonnage des invendus! Au surplus, avec Google, toute nouvelle édition d’un ouvrage déjà sur le marcher pouvait remplacer l’ancienne instantanément et sans frais supplémentaires; ne laissant alors à la charge de l’éditeur ─ dans notre cas, DESSCIENCESALECOLE.COM ─ que les frais de production de l’édition nouvelle.
L’intendance étant assurée, et à coût très raisonnable, les attraits du numérique sont devenus plus manifestes. Le lecteur pouvait en tout temps choisir l’appareil de lecture de son choix selon les circonstances : le téléphone intelligent dans le métro ou une salle d’attente, la tablette en camping, l’ordinateur ou la tablette à la maison ─ pour peu que les appareils soient synchronisés! En plus, ce même lecteur, en cours de lecture et d’un simple clic, pouvait disposer des ressources infinies qu’offre la navigation numérique : la définition ou la traduction instantanées des termes utilisés, la table des matières interactive, l’index universel à travers l’ouvrage entier, l’accès à l’Internet et à ses ressources illimitées! Tout en demeurant en mesure, comme sur la bonne vieille version papier, d’écrire des notes, d’apposer des signets ou de surligner du texte! Et encore, il n’était plus nécessaire de disposer d’une lampe de chevet pour lire dans l’obscurité et l’intensité ou la couleur du rétroéclairage pouvait varier à volonté; sans compter la grosseur des caractères, sinon leur police, qui pouvaient être adaptées aux préférences de chacun!
Toute une révolution!
Mais il y avait un hic : l’absence de choix entre l’édition papier habituelle et cette version numérique… devant les habitudes traditionnelles profondément enracinées de certains lecteurs. Devant ce potentiel obstacle, au vu de l’ensemble des avantages de l’édition numérique, nous avons fait le pari qu’a la longue tout le monde passerait à l’édition numérique. Les nombreuses vertus du numérique, associées à des coûts moindres, allaient faciliter la transition. Depuis, l’intérêt ne fait que grandir pour le numérique ─ considérons seulement le succès spectaculaire du quotidien La Presse lors de son passage progressif de sa version papier traditionnelle vers sa nouvelle plate-forme numérique : LaPresse+! Manifestement, de nouvelles habitudes de lecture se développent, et ce à très grande vitesse. Sans compter que s’ajoutent au passage l’instantanéité de l’acquisition d’un ouvrage sans devoir se déplacer, tout en conservant la possibilité de «bouquiner» avant d’acheter, et l’accès en quelques clics aux bibliothèques tant publiques que privées. Nouveaux possibles qui contribuent sans doute à expliquer l’engouement en rapide progression pour la tablette, la liseuse rétroéclairée et ultra légère et, récemment, le téléphone intelligent ultrahaute définition grand format!… Il paraissait donc évident que nous avions fait le bon choix. Les plus récalcitrants, à la longue, finiraient par s’en convaincre.
Pour m’en assurer et comme je souhaitais mieux comprendre le fond de cette demande d’une version papier, j’ai demandé à l’un de ses demandeurs de m’éclairer.
«Ce serait difficile pour moi de vous expliquer pourquoi je n’arrive pas à lire un ouvrage, un roman ou tout autre livre sur un support numérique, mais ce que je sais, c’est qu’il y a un monde entre les deux. C’est peut-être affectif. J’aime sentir le papier entre mes mains et pouvoir écrire avec un vrai crayon et surligner avec un vrai surligneur dessus au besoin. Je pense que les gens de mon entourage répondraient à peu près la même chose.» E.B., Cowansville, QC
Grand merci à E.B. d’avoir eu la gentillesse de partager ses réflexions sur sa propre situation. À la lumière de ce précieux témoignage, je pense qu’il ne faut pas sous-estimer la nécessité d’une période de transition; le temps seul pourra éventuellement faire son œuvre. Reconnaissons cependant que la version papier, comme le disque vinyle, n’a peut-être pas dit son dernier mot!
© plt